mardi 12 mars 2013

Ksavje, un Flamand qui vous veut du bien !;-)

Bonjour @ksavje !
Tu hantes régulièrement nos TL twitter. Les TL francophones, mais aussi les néerlandophones.
Il est venu maintenant le temps d'en savoir un peu plus sur toi !;-)
Pourrais-tu te présenter brièvement ? 


Bonjour ! Je m'appelle Xavier et j'ai 28 ans. Je suis né et j'habite à Ostende.
J'ai étudié la "Gestion informatique" et je me trouve actuellement au chômage. Pas à cause de la crise, ni parce que je serais paresseux, mais parce que j'ai envie de faire autre chose. Je cherche encore la bonne direction et des suggestions sont les bienvenues ;-)
J'adore la politique (belge et étrangère) et je suis un grand amateur de sport. J'aime quasiment tous les sports, mais surtout le cyclisme et le foot. Anderlecht champion #toussa! ;-)

Peux-tu nous dire quel est ton usage et tes attentes des réseaux sociaux que tu fréquentes ?

X.S: Je suis actif sur twitter et j'ai aussi un compte Facebook que je n'utilise presque pas. Je n'aime pas Facebook parce que je trouve qu'ils se permettent trop avec ton info personelle. J'y suis que parce je suis obligé d'y être. Si je n'avais pas de compte Facebook, je perdrais le contact avec quelques vieux potes. Alors je n'utilise Facebook que pour envoyer des messages privés. Je n'y partage quasiment rien.
#Twitter, c'est autre chose. J'adore twitter parce qu'on peut en faire ce qu'on veut. Y'a des gens qui l'utilisent comme mini-blog, d'autres postent des photos de tout ce qu'ils mangent ou l'utilisent comme chat-box. Moi, J'utilise twitter principalement comme outil d'information. Twitter me permet de bien rester au courant des choses qui m'intéressent.

Avant twitter, je m'informais via des journaux ou des sites spécialisés. Aujourd'hui, je suis les journalistes et souvent même leurs sources sur twitter. Cela me permet d'observer, de mieux voir leurs jeux. Ça rend le monde beaucoup plus petit et m'offre parfois "un regard derrière les coulisses". Il m'arrive même de voir des choses plus vite que les journalistes.
Par exemple: j'avais lu le rapport qu'USADA avait écrit sur Armstrong avant que les journalistes renommés de sporza.be (site flamand de sport) l'aient lu. Cela aurait été quasi impensable (ou en tout cas beaucoup plus difficile) sans Twitter.

Twitter démocratise en quelque sort l'info et j'aime bien ça. Grâce à Twitter j'ai aussi eu la chance de faire la connaissance de certaines personnes que je n'aurais autrement jamais croisé dans la vie. Tu en fais partie. [;-) ndlr]
Des gens intéressants et aimables que j'ai parfois trouvé par hasard et qui ne partagent pas nécessairement mes opinions. Mon twitter-account est devenu une petite communauté, un microcosme riche en diversité que j'aime bien fréquenter.


Quelle différence vois-tu entre les échanges entre francophones et entre néerlandophones sur twitter ?
Peux-tu nous aussi recommander ( "FFiser") quelques comptes.nl à suivre (en ce compris cette chère @kattebel [la Samuelle Beckett flamande de ] qui a "quelque peu déserté" nos TL ... ?

X.S: Il n'y a pas vraiment de grandes différences entre francophones et néerlandophones sur twitter. Il y a des gens de qualité et des cons partout. La seule différence que je vois est qu’après un débat passionnant et parfois "personnalisé", les francophones ont tendance à conclure avec "et encore une bonne journée a vous".
Le contraste entre le débat personnel (avec parfois même des insultes), suivi du gentil "et encore une bonne journée a vous" me surprend et m'amuse encore. 
En ce qui concerne , je suis sûr que tu peux la convaincre avec ton charme naturel et un peu de persévérance à redevenir un peu plus active sur Twitter.

Pour les #FF :
Je vous conseille de suivre AndyKerkhofs
C'est un francophile sympa qui habite à Anvers et qui déteste De Wever. Il adore la philosophie et se débrouille assez bien en francais.
Puis il y a , une jeune femme ravissante, dans tous les sens du mot. Elle est politiquement active pour Groen à Gand et travaille aussi pour le cabinet de Bruno De Lille à Bruxelles. Cette workaholic est un peu la @nblanchart flamande, dans un meilleur embalage.
Il y a aussi qui est connu pour ses "one-liners".
Les échanges entre et sont aussi hyper-intéressants. Ils sont un peu les Statler & Waldorf flamands de haut niveau.
Et puis il y a encore , qui forme ensemble avec les Dupont et Dupont du journalisme belge ...
 


Voisin "en immersion au Nord du Pays", pourrais-tu [essayer d'] expliquer aux pauvres francophones, qui est Bart De Wever, en quoi il n'est pas "dangereux"; comment est perçu en Flandre les commentaires sur les néerlandophones ou flamands en général et sur les nationalistes, en particulier ?
Dans une précédente interview pour cette rubrique, Yasmine Dehaene du PP disait que "Le succès de la N-VA, elle le doit aussi en grande partie aux politiciens et médias francophones. La N-VA a fait les mêmes constats que le Parti Populaire et qu’on le veuille ou non, les Flamands en on marre d’être le cochon payeur d’une Wallonie si mal gouvernée et seulement 30% des électeurs de la NVA souhaitent la scission de la Belgique. Les autres ont voté N-VA pour obtenir des réformes en profondeurs. Le Flamand est pragmatique, bon gestionnaire et économe. J’invite chacun à aller se balader en Flandre, c’est un autre monde. Bart de Wever est quant à lui un homme politique fin, intelligent, cohérent qui contrairement aux autres partis ne souhaite pas le pouvoir si ce n’est pour modifier en profondeur la Belgique. Il est patient, comme on l’a vu pour constituer sa majorité à Anvers. Peut-on lui donner tort ? En stigmatisant Bart de Wever et son électorat, de plus en plus de Flamands vont se tourner vers son parti. Si en 2014 il obtient 42% des voix, il aura la majorité absolue en Flandre. "

X.S: Bof, je trouve que je suis mal placé pour tenter d'expliquer Bart De Wever. Cela me parait d'ailleurs inutile parce qu'il y a déjà trop de De Wever-ologues dans les médias et sur Twitter. Le monde ne tourne pas autour de lui et je trouve qu'on se fixe déjà trop sur la personnalité de Bart De Wever. Ça serait plus productif si on se fixait sur ce qu'il y a derrière lui, sur "le pourquoi" ?

Ce que Yasmine Dehaene nous a donné comme réponse est assez cliché et un peu populiste, mais il y a néanmoins un fond de vérité dans ce qu'elle dit. C'est vrai que beaucoup de Flamands se sentent frustrés parce qu'ils font partie de la majorité de la population belge, mais politiquement, les Flamands ne sont qu’une majorité impuissante et impotente dans le système belge actuel. On comprend bien, coté flamand, qu'on ne puisse pas imposer tout ce qu'on veut simplement parce qu'on est majoritaire, mais on a néanmoins le sentiment – à tort ou à raison - que les structures de la Belgique ne nous permettent pas d'influencer d'une manière satisfaisante la direction, la vitesse et l’ampleur avec laquelle la Belgique prend des décisions politiques. Alors depuis pas mal temps, quasi tous les partis flamands s'inscrivent dans la logique de la "défédéralisation de la Belgique", pour pouvoir s'autogérer dans un contexte belge, pour résoudre ce qu'on peut considérer comme un « déficit démocratique ».

Cette volonté s'est concrétisée en 1999 dans les fameuses resolutions du Parlement flamand. Verhofstadt a eu l’opportunité de changer la Belgique, mais il a un peu trainé. Alors les flamands ont fait confiance à Leterme, qui leurs avait promis qu'avec lui tout changerait instantanément. Mais c’était plutôt "rien ne va plus" avec Yves Leterme, du à ses capacités qui n’étaient pas à la hauteur du défi, mais aussi parce que les partis francophones n'étaient « demandeurs de rien ».

Le sentiment existait en Flandre qu'on ne voulait pas, coté francophone, que Leterme réussisse. Il est néanmoins devenu premier ministre mais n'a jamais su changer les structures de la Belgique non plus. Il a échoué comme Verhofstadt avant lui.
Aujourd'hui, en 2013, 14(!) ans après ces fameuses résolutions, on est en train de préparer l’exécution d'une reforme d’État qui ne correspond objectivement  pas pour 100 % des attentes flamandes – créé uniquement par les partis traditionnels - de 1999.
C'est donc assez logique que les partis flamands qui font partie du gouvernement Di Rupo I ont du mal à vendre cette reforme d’État auprès de l'opinion publique flamande, qui elle aussi a évolué et est devenue plus exigeante qu'en 1999.

La différence entre ce que les partis traditionnels flamands ont voulu obtenir et ce qu'ils ont effectivement obtenu a créé un espace qui permet à la N-VA de (bien) vivre.
En Flandre on voit la N-VA plutôt comme l'incarnation de l'actualisation des attentes politiques flamandes vis-à-vis du système belge au lieu d'un parti séparatiste et dangereuse pur et simple. Alors quand on la diabolise coté francophone, ca passe mal parce qu'on donne l'impression qu'on ne veut pas tenir compte des motivations légitimes et non-nationalistes qui sont la motivation principale derrière la vote N-VA. Je trouvais la réponse de madame Dehaene un peu populiste parce que tout ce que je viens de décrire n'est pas le produit d'un sentiment anti-wallon ou anti-francophone: On ne les connait pas assez pour avoir quelque chose contre eux, et c'est pas à nous de dire comment ils doivent gérer leurs trucs. C'est simplement une evolution naturelle qui tente de résoudre ce déficit démocratique avec comme but d'enfin recevoir les mesures politiques pour lesquelles on a voté. 

Le soi-disant amour pour la Flandre ou le nationalisme n'a rien a voir avec ça, car le but n'est pas d'obtenir une nation flamande ou d'être anti-solidaire avec les francophones, mais simplement de auto-gérer. Il existe des autres manières pour résoudre ce déficit démocratique, comme la circonscription nationale ou autre. Mais a cause d'une manque de consensus ou de volonté politique, il n'y a pas vraiment un choix a faire. Ce processus n'a pas commencé avec De Wever et après De Wever et Peeters il y en aura d'autres après eux qui incarnent ce mouvement d’émancipation politique flamande.
Il existe d'ailleurs d'autres manières pour résoudre ce déficit démocratique, comme la circonscription nationale ou autre. Mais on ne peut pas voter pour quelque chose qu'on ne nous propose pas. Et le monde politique francophone ne donne pas de signal qu'il est prêt à souscrire et à traiter cette problématique belgo-flamande. De Wever n'est pas dangereux parce qu'il s'inscrit dans la démocratie et ne menace que le pouvoir. On laisse souvent sous-entendre dans la presse francophone que De Wever est un peu le Jean-Marie Le Pen flamand. C'est décevant comme raisonnement parce qu'il y a plus de similarités entre De Wever et le Sarkozy de 2012 que entre De Wever et Le Pen. Quand on regarde la programme de la N-VA, on reconnait le même mélange de libéralisme et conservatisme de l'UMP. Le discours et la manière dont De Wever se comporte vis a vis de l’extrême droite fait aussi penser a le Sarkozy de 2012, qui avait besoin des votes du FN pour pouvoir battre Hollande..
Mais pour revenir à ta question : comment est perçu en Flandre les commentaires sur les néerlandophones ou flamands en général et sur les nationalistes en particulier ?

Toute forme de critique est toujours la bienvenue, surtout si elle est bien fondée. Les généralisations passent mal, mais je suppose que ça va dans les 2 directions. La presse flamande ne se comporte pas nécessairement mieux que la presse francophone en ce qui concerne les généralisations. Néanmoins il y a quand même des différences. La presse francophone à l'air plus militante que la presse flamande. Elle considère que c'est sa tâche de combattre la N-VA. On entend souvent:
« Il faut démasquer Bart De Wever, il faut démasquer la N-VA, c'est un parti dangereux!» 
Qu'est-ce qu'il y a encore à démasquer ? On sait quasiment tout sur Bart. On sait combien il pèse, ce qu'il mange. On connait ses convictions politiques, on sait ce qu'il trouve rigolo et ce qu'il pense du PS et de la musique rap. On sait qu'il n'aime pas le foot; on a vu la photo de Bart avec Le Pen, on ne sait combien de fois. Grâce à la RTBF on a même vu la tombe de son père. On sait que la N-VA est un parti séparatiste et leurs intentions sont claires, mais beaucoup de gens en Flandre ont une différente appréciation de la N-VA. Crier et hurler ne changera pas l'avis de ces gens-là.
Au contraire. La critique sur la N-VA passe surtout mal quand ce sont des grand rassembleurs auto-proclamés, comme Di Rupo, Verhofstadt ou Albert II qui disent ce qu'ils pensent de la N-VA. Ils ont le droit d'exprimer ce qu'ils pensent mais ils divisent autant que la N-VA avec leurs discours culpabilisants. Ils se servent de la polarisation autour de De Wever pour se profiler eux-mêmes.

La critique sur la N-VA est parfois hypocrite. Comme Magnette par exemple qui plaide dans Le Soir pour la création d'une nation WalloBruxienne. Une semaine plus tard, Magnette, dit dans la presse flamande que la N-VA est dangereuse parce qu'elle est nationaliste. Ou est la cohérence dans son discours? Et qui est-ce que ça doit impressionner ou convaincre en Flandre? Il ne veut qu'utiliser la polarisation autour de Bart De Wever pour garder le PS au pouvoir. Rassembler, c'est autre chose. Rassembler, c'est tendre la main, tenter de convaincre les gens avec ses propres projets avec des arguments. Offrir une alternative valable, oser le débat avec De Wever, sur le fond. Mais hélas, c'est rarement – pour ne pas dire jamais - le cas.

 

Un sujet qui te tient tout spécialement à cœur ?

X.S:  J'aimerais faire de la pub pour le MAS, le musée sur le fleuve, à Anvers ... Partiellement parce que je n'ai rien à vendre moi-même, mais surtout parce que ça vaut la peine d'aller visiter le MAS. a écrit un excellent billet sur sa visite au MAS.

 

Désires-tu ajouter quelque chose à ce qui vient d'être dit ?

X.S:  Oui, merci pour m'avoir donné l'opportunité d'ennuyer les lecteurs de ton blog. ;-)


Merci pour le temps passé à répondre, à bientôt !;-)

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