mardi 16 octobre 2012

Il n'y a aucune vision politique en matière d'intégration

L’écrivain franco-libanais auteur des "Identités meurtrières", Amin Maalouf était l’invité du "Grand Oral" de La Première – Le Soir.
Questions sur l’intégration, la gestion de l’immigration qui se posent un peu partout en Europe aujourd’hui.
"Ce n’est jamais facile d’organiser la coexistence harmonieuse de gens différents dans un pays, dans un quartier, dans une ville (…) malheureusement mon sentiment c’est qu’il n’y a pas de vision politique aujourd’hui en matière d’immigration. On est constamment dans des décisions médiatiques ou des solutions immédiates. Je ne vois nulle part une vision de long terme".


Amin Maalouf trouve le parcours d’intégration utile  et donne sa définition de l’intégration:

"Intégrer ce n’est pas mettre côte à côte des gens différents en les laissant développer, dans des sortes de ghettos, chacun sa culture en fonction de ses traditions. Pour moi, l’intégration doit tendre à la création d’une communauté nationale ou les gens qui étaient dans le pays et les gens qui arrivent dans le pays ont le sentiment d’une appartenance commune… C’est cela qu’il faut construire "


L’écrivain juge positive l’idée d’un parcours d’intégration
"à condition que les gens qui suivent ce cheminement sentent qu’il y a une contrepartie, qu’ils auront des droits. Je ne pense pas qu’un pays d’accueil soit une feuille blanche où chacun pose ses bagages. On arrive dans un pays, on a des droits et des devoirs. Le devoir de s’intégrer, le droit de s’intégrer".


Questionné sur le port du voile et la religion comme phénomène identitaire  Amin Maalouf fait ce constat:
"le phénomène religieux aujourd’hui est beaucoup plus un phénomène d’affirmation identitaire qu’un phénomène de foi ;l’affichage de signes religieux ostensibles ne s’arrêtera que s’il y a une véritable intégration, comme une conséquence naturelle.
J’ai conscience de naviguer à contre-courant, nous sommes en train de retourner en arrière, pour moi il y a un véritable risque que ce siècle soit celui de la régression morale".

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