mercredi 4 avril 2012

Une hausse de la dépense publique depuis 10 ans

Claude Allègre : L’une des caractéristiques  de François  Hollande -homme très intelligent par ailleurs-  c’est, en effet, de considérer que le mensonge est une pratique normale en politique.
En 2006, Hollande nous a littéralement baladés, Daniel Vaillant et moi, en venant nous dire formellement, lors d’une conversation discrète à Saint-Germain-des-Prés,  qu’il allait faire appel à Jospin pour 2007. Vous connaissez Jospin, quel homme « rigide » il peut être.
Hollande avait été formel :
 « Compte tenu de ma déclaration de 2002, je n’irai que si on fait appel à moi »
Or jamais Hollande n’est allé voir Jospin.  Il a, au contraire, lancé Ségolène avec le ferme espoir d’être lui-même en 2007 « le » candidat à l’arrivée. Il  a toujours fait comme ça. C’est un  manœuvrier.  Intelligent et fin, je le répète, mais foncièrement manoeuvrier.


F. Hollande, candidat
:
"Depuis dix ans, il y a une augmentation de la dépense publique et une diminution d'impôt au bénéfice, notamment, des plus aisés"
Il y a eu une hausse de la dépense publique depuis dix ans.
Elle ne fait pas débat : la dépense publique progresse en moyenne de 2% par an en volume depuis la fin des années 1990.
Le premier graphique ci-dessous, extrait du rapport  sur la dépense publique annexé au projet de loi de finances 2012, montre l'évolution de sa croissance, ce qui permet de voir les années où elle a plus ou moins augmenté.

Ce second graphique, lui, matérialise la progression de cette dépense publique.Comme on le voit, elle est constante sur le long terme, donc pas seulement depuis 10 ans comme le dit M. Hollande


Sur les impôts, l'affirmation de M. Hollande est plus discutable.
Il est exact que les impôts des plus aisés ont tendance à diminuer depuis dix ans, comme nous l'avons montré dans un autre billet des Décodeurs consacré à la question.  En revanche, la "diminution d'impôt" dont M. Hollande accuse la droite est en partie imputable également à la gauche.

Dans un rapport de 2010, le rapporteur UMP du budget Gilles Carrez montrait que ces pertes de recettes ont atteint entre 100 et 120 milliards d'euros en dix ans. Il montrait aussi que le pic de pertes de recettes du fait de mesures de baisses d'impôts était imputable... à Lionel Jospin, en 2001. Même si ensuite, c'est en 2007 qu'on trouve la deuxième année de baisse la plus importante.


Au final, M. Hollande a cependant plutôt raison, même s'il présente les choses sous un jour favorable à son camp.

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