vendredi 22 juillet 2011

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Beke a exprimé vendredi matin sa satisfaction parce que les négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement ne débuteront que lorsqu’il y aura un accord sur la réforme de l’Etat et sur BHV ...
Wouter Beke est content qu’on soit arrivé à cette solution parce qu’il s’attend à ce que le MR ne réussisse pas “à tenir le FDF sous contrôle”

On a envie d'insulter ...




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Un accord pour Pâques ou pour la Trinité?

L’euphorie qui semble s’être emparée de certains médias ou de certains partis politiques francophones a tout de même quelque chose d’assez surprenant. Quoi? Il a donc suffi que, dans la foulée de l’admonestation royale de mercredi, le CD&V accepte de s’associer aux sept partis engagés dans la négociation (?) gouvernementale, sur base de la note d’Elio Di Rupo, pour que, brusquement, on croie voir le bout du tunnel? La démission du formateur a été retirée, c’est vrai, et on pourrait croire le train remis sur rail. Mais quand arrivera-t-il à destination? À Pâques ou à la Trinité de l’année prochaine, pour reprendre la célèbre chanson «Marlborough s’en va-t-en guerre»? Soyons sérieux: si Wouter Beke et les siens ont décidé d’entrer en jeu, c’est en formulant des conditions difficilement acceptables pour les francophones. Je ne vise pas spécialement ici le renoncement à une circonscription électorale fédérale, qui apparaissait surtout comme un gadget, et dont il aurait de toute manière fallu préciser les contours, en établissant un quota d’élus néerlandophones et francophones, ce qui n’aurait rimé à rien. Mais la question de la convention-cadre du Conseil de l’Europe sur la protection des minorités est autrement épineuse. Manifestement, les Flamands n’en veulent pas. Mais les plus pointus des flamingants, qui revendiquent l’indépendance de la Flandre, devraient tout de même être conscients que, si leur vœu le plus cher se réalise, il leur faudra adopter cette convention-cadre, sans quoi leur fameuse «République flamande» ne serait jamais reconnue par l’Europe.


Di Rupo: "Je voudrais lever tout malentendu" par Martin Buxant et Francis Van de Woestyne
Récit des trois derniers jours. Entre ultimatums et contre-ultimatums. Où Wouter Beke calme Kris Peeters. Où Di Rupo et Beke s’échangent des e-mails surréalistes. Où la marmite libérale commence à bouillir. Où...
La Belgique a vécu deux journées complètement folles. Retour sur ces heures incroyables et ces coups de théâtre.

Mercredi 20 juillet. 10 heures du matin. Les présidents des 7 partis qui ont accepté de négocier attendent encore deux personnes. Wouter Beke, le président du CD&V, et Elio Di Rupo, le formateur. Qurante-cinq minutes plus tard, ils voient arriver un Elio Di Rupo seul et assez sombre. Il vient de rencontrer assez longuement, en compagnie de leur aide de camp respectif, Wouter Beke. Et celui-ci a décidé de ne pas assister à la réunion des Huit. "Sans intérêt", pense-t-il depuis le matin. Di Rupo, malgré les garanties qu’il tente de donner à Beke, ne parvient pas à amadouer le CD&V.
Elio Di Rupo annonce donc aux autres que le président du CD&V ne viendra pas. Coup de bambou.
-"Là, confie un négociateur, on a eu besoin de lâcher la vapeur pendant 45 minutes". Pendant trois quarts d’heure, environ, les sept cassent du sucre sur le dos du CD&V. Le Groen! Wouter van Besien est particulièrement remonté. Ses propos sont si durs qu’ils choquent plusieurs responsables présents. "Il n’a pas été très diplomate", euphémise un président de parti. "Mais il faut nous comprendre, témoigne un autre participant, nous avons bossé comme des dingues la nuit précédente avec nos équipes, chacun de notre côté, afin d’être prêt pour cette réunion. Et voilà que Beke ne prend même pas la peine d’y venir. Mais qu’est-ce que c’est que cette impolitesse? C’est du jamais vu!". On se calme, on reprend ses esprits. Avec le formateur, il est convenu de soumettre une "Bafo" ("Best and Final offer") au CD&V. Mais les libéraux Alexander De Croo et Charles Michel ne sont pas d’accord. Elio Di Rupo annonce alors qu’il prendra seul ce risque. Les 7 se séparent.
Et Di Rupo envoie un courrier au CD&V dans lequel il demande à Wouter Beke s’il peut lui indiquer, pour jeudi 13 heures, s’il peut marquer son accord sur 5 principes: les négociations s’engagent sur BHV sur la base des texte juridiques déposés par le formateur. Parallèlement, écrit Elio Di Rupo, les négociations s’engageraient sur l’assainissement budgétaire ainsi que sur la révision de la loi de financement et l’autonomie fiscale. Quant aux 4 questions qui posent problème au CD&V, elles sont encommissionnées: l’emploi des langues à Bruxelles, la circonscription fédérale, la répartition de la convention cadre sur le respect des minorités et les listes bilingues à Bruxelles.
Le CD&V accuse le coup. Et vit très mal cet ultimatum. "On est occupé depuis 400 jours et on devrait se lancer dans des jeux politiques endéans quelques heures", peste alors un démocrate-chrétien flamand. Beke rassemble les plus hauts gradés du parti autour de lui. Et vers 17h30, un "G20" est convoqué. Rappel, cet organe informel rassemble tous les ministres et chefs de file parlementaires du parti. Beke introduit la réunion en présentant l’offre de Di Rupo. Et conclut quelques minutes plus tard: "Voilà, dit-il, maintenant vous connaissez toute l’affaire". Chacun a alors l’occasion de s’exprimer. Beaucoup - dans la fraction fédérale - indiquent qu’ils sont opposés à la tenue de nouvelles élections. Yves Leterme et Kris Peeters sont présents. Et Peeters se tient étonnemment calme... C’est que Beke l’a rassuré quelques minutes plus tôt: il a notamment obtenu une concession de Di Rupo, dit-il, à savoir de commencer des tractations parallèles avec les gouvernements régionaux dès que les négociations commenceront... Non seulement avec les ministres-présidents, mais aussi avec les responsables budgétaires. Voilà donc une manière pour Kris Peeters de s’assurer la bienveillance de la N-VA. Bingo: c’est Filip Muyters, nationaliste flamand, qui est le grand argentier flamand au sein de l’Exécutif Peeters...
C’est donc dans le consensus que le CD&V décide de relancer la balle dans le camp des francophones et de, notamment, accentuer la pression sur les libéraux. Vers 19 heures, Wouter Beke convoque la presse pour lui livrer sa ligne de conduite. "Il faut, dit-il, d’abord un accord sur BHV avant toute autre négociation sur la formation du gouvernement". Et la négociation parallèle des autres points qu’il juge inacceptables doit conduire à un encommissionnement. Plus tard, d’ailleurs, il précise qu’il s’agit d’un renvoi de ces points "aux calendes grecques"... Dans les autres partis, on digère mal ce nouvel uppercut des démocrates-chrétiens flamands - ce nouveau "oui, mais..."
Dans l’intervalle, en début d’après-midi, le Roi a prononcé un discours en forme de mise en garde. Mais le rythme des passes d’armes relègue rapidement cet avertissement royal au second plan.
20h30. C’est que le Parti socialiste digère mal ce positionnement du CD&V. Certes, Wouter Beke a dit oui. Mais à quoi a-t-il dit oui précisément? Elio Di Rupo s’installe devant son ordinateur et envoie un mail à Wouter Beke. Dans lequel il dit en substance: "J’enregistre que vous avez répondu par l’affirmative et que vous acceptez les 5 conditions posées. Mais je souhaite que vous leviez tout malentendu et que vous précisiez bien que vous souscrivez à la formulation de ma méthodologie..."
S’ensuit un échange de mails un peu surréaliste. Le président du CD&V y confirme sa vision des choses: pas question de discuter de quoi que ce soit sans avoir obtenu une scission de BHV. Pas question de négocier la formation du gouvernement avant d’avoir obtenu cette scission de BHV.
Dans les autres formations politiques, on croit rêver. "Franchement, tout ceci ne rime à rien sauf à faire bouillir la marmite des libéraux, se fâche un président de parti. L’élastique est tendu au maximum avec le FDF de Maingain, ça peut claquer à chaque instant"... Chez les francophones, on suffoque. N’est-ce pas le CD&V qui, il y a quelques années, disait qu’il suffisait de 5 minutes de courage politique pour obtenir la scission de l’arrondissement central du pays? On y est, là: c’est bien la première fois qu’un formateur, francophone de surcroit, propose la scission de BHV. Et si près du but, le CD&V renâcle...
Bon, chacun va se coucher. Les présidents francophones se téléphonent pour s’assurer qu’ils ont bien compris la proposition du formateur et la réplique de Wouter Beke. Le CD&V, lui, est satisfait de sa botte: il a réussi à faire croire qu’il était prêt à venir négocier.
Jeudi matin. Dans les bulletins radio, on explique, en synthèse que le CD&V n’a pas attendu l’expiratiion de l’ultimatum d’Elio Di Rupo pour répondre. Les francophones auraient donc accepté les exigences du patron du CD&V. Irritation du formateur et des francophones. Les libéraux francophones sont au bord de l’apoplexie, une réunion de leur "Fab’Four" est convoquée: Didier Reynders, Louis Michel et Olivier Maingain entourent le président Charles Michel. Pour le MR/FDF, les contorsions du CD&V sont insupportables. Et cette manière de négocier - "ce qui est à moi reste à moi, mais ce qui est à toi est négociable" - typique des démocrates-chrétiens flamands les irrite au plus haut point. Pour eux, il est inconcevable de délivrer un feu vert à une scission préalable de BHV sans connaître l’équilibre global des autres réformes... "J’ai toujours dit que BHV, dossier ultra symbolique, devait se régler en dernier lieu dans une négociation", pointe un connaisseur.
Elio Di Rupo se rend au Te Deum. La vie ne s’arrête pas. Pendant l’office, il consulte les SMS qu’il reçoit. Car Wouter Beke a réussi à faire croire que tout le monde avait la même interprétation que lui de la proposition Di Rupo. Petit à petit, le message passe: pas question de décaler la négociation BHV de la négociation pour la formation du gouvernement. Di Rupo lance une invitation aux 8 présidents de parti. Rendez-vous: cabinet de Laurette Onkelinx, 18 heures. Toute l’après-midi, l’hésitation grandit. Viendra, viendra pas? Wouter Beke pose une nouvelle condition. Avant de venir à la réunion, il veut connaître la réponse des autres présidents de parti à la proposition d’Elio Di Rupo. Pour être plus clair, Elio Di Rupo prend soin de préciser qu’il confirme l’invitation lancée "aux huit partis qui sont prêts à discuter sur la base de la proposition en cinq points qu’il a formulée mercredi, en toute transparence en tant que formateur".


Les heures passent. Wouter Beke finit par faire savoir qu’il viendra à la réunion.
Allez, c’est reparti pour un tour.

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